Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
APOLLINAIRE,(1880-1918)
Plan du texte :
1ère strophe : le lieu évocateur de l'amour. C'est le Pont Mirabeau de Paris qui le fait se souvenir.
2ème strophe : la plongée dans le passé. C'est le rappel de sa liaison.
3ème strophe : la fuite de l'amour.
4ème strophe : la fuite du temps.
La Seine rappelle au poète son amour perdu.
1. LA FORME POETIQUE.
a. 4 quatrains et refrain sous forme de distique (2 petits vers qui reviennent toujours)
Forme:10/4/6/10.
b. Refrain : vers impairs, heptasyllabes (élément essentiel de la musicalité depuis Verlaine)
c. Premier vers repris à la fin = circularité du poème.
a. Vient de l'absence de ponctuation et du décasyllabe qui ne permet pas d'imposer un sens au texte, ce qui provoque plusieurs lectures.
1) a. L'eau = élément habituel du poème lyrique pour exprimer la fuite du temps. Elle est nommée, c'est la Seine.
b. Verbes de mouvement ("passe", "coule", "s'en va"...) présents à toutes les strophes.
c. Répétitions, anaphore "ni".
2) Expression de l'amour achevé, nostalgie, sentiments.
Le pont Mirabeau est donc un poème original qui reprend des termes conventionnels dans une structure où les termes, les sonorités et la disposition des mots forment des correspondances. Seule la peine de l'auteur semble demeurer face au temps qui passe.