Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent; où le soleil de la montagne fière,
Luit; C'est un petit val qui mousse de rayons.
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Nature, berce-le chaudement: il a froid
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au coté droit.
Démarche :
I - La Nature
Impression de luminosité avec "les haillons d'argent" vers 2 ; renforcée au vers 3 et vers 13 par le soleil et dont la luminosité est reprise au vers 4 "masse de rayons" et vers 8 " lumière qui pleut" : métaphore ( comparaison sans mot outil ) qui donne une matérialité à la lumière.
Nature très colorée : vers 9 "les glaïeuls", couleurs assez intenses. Personnification ( attribuer un caractère humain à une chose ou objet ) de la rivière qui "chante" vers 1, animation.
Sur le plan olfactif, "parfums" vers 12, impression de bien-être et bonheur ; sur le plan tactile, impression de fraîcheur, liquidité, vers 6 "et la nuque baignant dans le frais cresson bleu".
Le mot "val" du titre est repris au vers 4, rivière dynamique ; impression d'exubérance, par les deux enjambements ( prolongement d'un vers sur celui qui le suit ) des vers 1,2,3. De plus cette nature est présentée comme douée de sentiments, au vers 11 elle est personnifiée et présentée comme très maternelle "berce" avec un trait de tendresse humaine
II - L'homme
Si on regarde d'un peu plus près, nous voyons qu'il paraît mort : vers 14 "deux trous rouges sur le côté droit", + allitérations en "r" (répétition de la même consonne ).
À partir de ce moment nous basculons dans l'horreur, dénouement très brutal.
III - Aspects contradictoires
"Etendu" signifie un corps sans vie et le "lit" du vers 8 devient un lit de mort. Les glaïeuls évoquent les fleurs que l'on posent sur une tombe => il a les pieds dans les glaïeuls. Plus rien ne bouge, "la narine" et "la poitrine "ne réagissent plus. Il ne respire plus, il est donc mort. Violence des allitérations dentales pour trancher cette jeune vie. Nous comprenons à ce moment que le sommeil du dormeur était une image de mort.
Ce poème illustre des thèmes très chers à A. Rimbaud, à savoir le sens du tragique, de l'existence et la mort. Son art s'illustre particulièrement
avec les effets rythmiques brisés, symboliques d'une vie brisée. Habileté par laquelle il nous met sur une fausse piste, tout en nous laissant des indices, à la réelle interprétation du
poème.
( NB : dossier d'explication emprunté et modifié )